Amina et son fidèle compagnon : l’histoire d’un lien indéfectible à Massaguete (Tchad)

Dans le petit village de Massaguet, au cœur du Tchad, vit Amina Oumar, une femme au courage discret mais à la force immense. Chaque matin, bien avant le lever du soleil, elle se prépare pour rejoindre le marché du village où elle vend des condiments, des épices et des légumes séchés. Mais Amina n’est jamais seule : à ses côtés, marche lentement son fidèle compagnon, Barka, un âne gris au regard doux et attentif.
Amina a perdu la vue d’un œil il y a plusieurs années, à la suite d’une infection mal soignée. Pourtant, cette épreuve n’a jamais freiné son ardeur ni sa dignité. « C’est Barka qui est mes yeux », dit-elle avec un sourire. « Il me conduit au marché, il me ramène à la maison. Sans lui, je ne pourrais pas vivre de mon travail. »
Sous le soleil brûlant de Massaguete, le marché s’anime de voix, de rires et de parfums d’épices. Chaque semaine, Amina installe sa petite table en bois, dépose soigneusement ses condiments et salue les passants d’une voix joyeuse. Pendant qu’elle vend, Barka attend patiemment à l’ombre d’un acacia, une corde légère nouée à son cou. Il connaît chaque recoin du marché, chaque sentier poussiéreux qui ramène sa maîtresse jusqu’à la maison.
« Quand je termine mes ventes, je lui parle doucement, et il sait que c’est l’heure de rentrer, » raconte Amina. « Je m’accroche à sa selle, et il me guide pas à pas, comme un ami qui ne me trahit jamais. »
Pour Amina, Barka n’est pas seulement un animal de trait ; il est le pilier de sa survie et de sa liberté. Grâce à lui, elle subvient seule aux besoins de ses deux enfants et participe activement à la vie du village. Lorsqu’on lui parle du rôle des ânes dans la vie des femmes rurales, elle acquiesce avec émotion :
« L’âne, c’est la force des pauvres. Sans lui, beaucoup de femmes resteraient enfermées à la maison. C’est lui qui transporte l’eau, le bois, et même nos espoirs. »
Invitée à témoigner lors du passage d’une mission de l’UA-BIAR dans la région, Amina a partagé son histoire devant les autorités locales et les partenaires. Sa voix tremblante, mais déterminée, a touché toutes les personnes présentes.
« Je n’ai qu’un œil, mais j’ai une vision : que l’on protège nos ânes. Car protéger les ânes, c’est protéger les femmes comme moi. »
Son message, simple et sincère, a résonné comme un appel à la conscience collective. Dans les villages comme Massaguete, les ânes ne sont pas de simples animaux ; ils sont les compagnons silencieux de la résilience africaine.
Chaque soir, lorsque le soleil s’incline sur les dunes dorées, Amina caresse le front de Barka avant de le détacher. Le vent du Sahel se lève doucement, et dans ce silence complice, on sent tout l’amour et la reconnaissance entre une femme et son âne. Amina et Barka rappellent à l’Afrique entière une vérité simple : là où l’homme respecte l’animal, la vérité et la vie trouvent toujours leur chemin.
Cette histoire n’est pas seulement celle d’Amina et Barka, mais un plaidoyer continental pour reconnaître le rôle vital des ânes dans la vie des femmes rurales et dans la lutte pour la dignité et l’autonomie.