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Une mission de haut niveau conduite par l’Union Africaine Bureau Interafricain des Ressources Animales (UA-BIRA), en partenariat avec Brooke for Working Equids et The Donkey Sanctuary, a séjourné au Tchad pour une série de consultations et d’échanges stratégiques avec le Ministre de l’Élevage et des Productions Animales.

 Cette mission s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie panafricaine pour la préservation, le bien-être et l’utilisation durable des ânes, adoptée à la suite de la deuxième Conférence panafricaine sur les ânes (PADCo2) et de la Déclaration d’Abidjan interdisant l’abattage et la commercialisation des peaux d’ânes. 

L’effectif mondial des ânes est estimé à 52 millions et le continent Africain à lui seul en détient les ¾. Le Tchad fait partie des 5 premiers pays détenteurs d’ânes en Afrique, piliers silencieux de l’économie rurale, contribuant aux transports, aux denrées et des produits agricoles, tout en soutenant l’autonomisation des femmes et des jeunes. 

Cependant, ces asins subissent une forte pression due au commerce illégal et non réglementé des peaux, à la dégradation de leur habitat qui menace la survie de leur espèce et la résilience de millions de ménages. La mission de plaidoyer vise à mobiliser les décideurs politiques, les partenaires techniques et financiers pour une action concertée pour l’utilisation durable des ânes. 

Elle s’inscrit dans une initiative continentale couvrant neuf pays champions : l’Éthiopie, l’Égypte, le Kenya, la Namibie, le Sénégal, la Tanzanie, le Togo ,l’Ouganda et le Tchad.

 

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Ainsi, au cours des échanges, le professeur Abderahim Awat Atteib, ministre de l’Élevage et de la Production animale du Tchad, a salué l’engagement de l’Union africaine et de ses partenaires techniques pour la sauvegarde de l’espèce asine.

« Les ânes sont au cœur de notre économie locale. Ils soutiennent nos femmes, nos jeunes et nos communautés rurales. En les protégeant, c’est notre avenir que nous préservons. Le Tchad demeure pleinement engagé à œuvrer pour leur bien-être et leur valorisation dans une approche durable. »

 Les experts de l’UA-BIRA ont insisté sur l'importance des ânes en milieu rural :

Sur le plan socio-économique ,ils permettent de transporter l’eau, le bois et les denrées agricoles, le labour des champs, etc. allégeant considérablement la pénibilité du travail des femmes et des jeunes

Sur le plan nutritionnel et sanitaire : le lait d’ânesse, reconnu pour ses propriétés nutritionnelles et thérapeutiques, est de plus en plus recherché en Europe et ailleurs. De plus, proche du lait maternel, il est utilisé en pédiatrie et en cosmétique. 

Pour ce qui est de la préservation : l'équipe a déploré la baisse drastique des populations assines qui menace la diversité génétique de ladite espèce. Pour assurer la préservation et la reproduction des ânes, la création de sanctuaires est nécessaire et facilitera à la fois la recherche scientifique et la reconstitution du pool génétique de l’espèce. 

Concernant la dimension écologique et environnementale : les ânes contribuent à la fertilisation desols et la restauration des zones marginales, renforçant ainsi le maintien des écosystèmes ruraux. Leur rôle écologique mérite une reconnaissance accrue dans les politiques d’élevage. 

Sur le plan de la coopération : l'équipe a appelé à une sensibilisation de mass des éleveurs, des femmes et des jeunes ruraux sur le bien-être animal et les pratiques durables, tout en invitant les partenaires internationaux à soutenir les programmes de valorisation de l’âne en Afrique.

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Les recommandations issues des échanges portent sur :

– Harmoniser les politiques régionales pour respecter le moratoire sur le commerce des peaux d’ânes ; 

– Intégrer les ânes dans les plans nationaux de développement de l’élevage; 

– Créer des sanctuaires pour assurer la sauvegarde de l’espèce. 

Selon Dr. Camille Laure Nguekeng, experte en âne à l’UA-BIRA, le maintien de la diversité génétique animale dépasse les considérations animales : « Protéger les ânes, c’est préserver les moyens de subsistance, la dignité et la résilience des communautés rurales africaines face aux mitigations du changement climatique. » 

Appel à l’action 

L’UA-BIRA réaffirme son engagement à travailler avec les États membres, les communautés économiques régionales et les partenaires techniques et financiers pour la mise en œuvre effective de la Déclaration d’Abidjan et la promotion du bien-être des ânes à travers l’Afrique. « Sans les ânes, il n’y a pas de mobilité rurale ni de stabilité des ménages dans de vastes zones arides du continent. Leur protection est une responsabilité collective et un devoir moral. »