Guinée-Bissau : un pas décisif vers l’éradication de la PPR à l’horizon 2030
Bissau, 5-6 novembre 2025-la Guinée-Bissau vient de franchir une nouvelle étape majeure dans la lutte contre la Peste des Petits Ruminants (PPR) en organisant un atelier national d’alignement de son Plan Stratégique d’Éradication de la maladie. L’initiative, tenue à la Direction Générale de l’Élevage, s’inscrit dans la dynamique continentale portée par l’Union africaine (UA-BIRA), la FAO, l’OMSA et la CEDEAO pour éliminer définitivement la PPR du continent d’ici 2030.
La PPR reste l’une des maladies animales les plus destructrices en Afrique, provoquant des flambées récurrentes et des taux de mortalité pouvant dépasser 80 %. Les pertes enregistrées en Guinée-Bissau au cours des cinq dernières années avec des taux de mortalité allant jusqu’à 82 % en 2020, 80 % en 2022 ou encore 75 % en 2023 témoignent de la gravité de la situation et de l'urgence d'une riposte coordonnée.
Dans un pays où les petits ruminants constituent une ressource vitale pour les ménages ruraux, leur perte compromet la sécurité alimentaire, les revenus et la résilience communautaire.
Ouvrant l’atelier au nom du Ministre de l’Agriculture et du Développement Rural, le Chef de Cabinet a rappelé la volonté politique du gouvernement d’accélérer la lutte contre la PPR. Le Directeur Général de l’Élevage, M. Issuf Baldé, a réaffirmé l’importance stratégique de l’élevage comme pilier de lutte contre la pauvreté.
« Le pays est prêt à renforcer son dispositif national de lutte et à s’aligner pleinement sur les cadres régionaux et internationaux », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité d’un système vétérinaire plus robuste et mieux financé.
Représentant l’UA-IBAR, le Dr Hassan Adakal a salué les progrès du pays, rappelant que cette mise à jour stratégique représente une opportunité clé pour harmoniser les interventions nationales avec les normes régionales et bénéficier d’un accompagnement technique et financier renforcé. Il a insisté sur la nécessité de plans alignés pour réussir l’objectif de 2030.
Les participants des services régionaux de l’élevage, associations d’éleveurs, ONG et experts ont travaillé en trois groupes pour examiner et réviser l’ensemble du document national. Plusieurs besoins majeurs ont été identifiés :
- Mieux intégrer les données épidémiologiques récentes, notamment les flambées enregistrées entre 2020 et 2024 ;
- Clarifier les mécanismes de coordination nationaux et régionaux ;
- Documenter les leçons apprises lors de la première phase du PNE ;
- Préciser les sources de financement, y compris une contribution budgétaire nationale ;
- Aligner la structure du document avec les gabarits CEDEAO/UA-BIRA
Ces améliorations permettront de renforcer la cohérence du plan et de garantir sa conformité avec les exigences internationales.Défis persistants : financement, adhésion communautaire, coordination transfrontalière.
Le rapport a mis en évidence plusieurs contraintes majeures :
- la forte dépendance aux financements extérieurs pour le fonctionnement des services vétérinaires ;
- la faible participation des éleveurs due au manque de sensibilisation et à la divagation animale ;
- l’absence de campagnes de vaccination synchronisées avec les pays voisins un obstacle critique pour éliminer le virus de manière durable.
Au terme des travaux, les participants ont formulé plusieurs recommandations importantes :
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Créer une ligne budgétaire nationale dédiée au fonctionnement continu des services vétérinaires.
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Renforcer la sensibilisation des éleveurs, notamment via des canaux communautaires et multilingues.
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Organiser des campagnes de vaccination transfrontalières synchronisées, conformément aux orientations régionales.
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Améliorer la surveillance et la remontée des données, un pilier essentiel pour la détection rapide des foyers.
Cet atelier marque un tournant important pour la Guinée-Bissau, qui démontre une volonté claire de s’inscrire pleinement dans la trajectoire de l’éradication de la PPR. Grâce à une coordination renforcée, un engagement politique renouvelé et un alignement technique approfondi, le pays avance résolument vers un futur où les éleveurs seront mieux protégés et où leurs moyens de subsistance gagneront en sécurité.